C’est justement le modèle économique de la marque que critiquent certains acteurs du développement.
Grâce au don de paires de chaussures, Toms estime avoir aidé des millions d’enfants dans le monde. Pourtant, l’entreprise a été vivement critiquée par des acteurs du développement sur l’efficacité de son impact. En effet, Toms fait fabriquer ses espadrilles en Chine, en Argentine et en Éthiopie mais les distribue dans plus de 50 pays.
Pour la chercheuse Laura Seay, interrogée par Fastcompany.com, le modèle comporte le risque de mettre au chômage vendeurs et fabricants locaux, qui ne peuvent pas concurrencer l’arrivée de chaussures gratuites. Blake Mycoskie a répondu à ces critiques en s’engageant à produire d’ici la fin 2015 un tiers de ses chaussures dans le pays où elles seront données, notamment en Haïti.
Appliquer un pansement plutôt que s’attaquer aux racines de la pauvreté
Au-delà de son impact économique, Toms est également critiquée pour l’inefficacité des réponses apportées. La marque dit vouloir officiellement améliorer la santé des enfants à qui elle offre des chaussures. Dans les pays chauds, lorsqu’ils marchent pieds nus, ces derniers sont en effet davantage exposés aux ankylostomes, des vers parasites qui se développent dans les sols contaminés par les matières fécales. Un blogger et ancien “Peace corps”, Zac Mason, faisait remarquer il y a déjà quatre ans que, pour des sommes inférieures à celles nécessaires à la fabrication des chaussures, il serait possible de développer des solutions de long terme, comme la construction de latrines profitant à davantage d’enfants.
Toms ne s’attaquerait donc pas aux racines de la pauvreté mais se contenterait d’y apposer un simple pansement. L’entreprise reconnaît elle-même que la distribution de chaussures seules a un impact limité, mais que, combiné aux programmes de ses associations partenaires, elle contribue à améliorer le sort des enfants qui en bénéficient. Depuis Toms shoes, la marque a développé “Toms eyewear”, qui permet de financer pour chaque paire de lunette vendue, diagnostics, opérations des yeux et traitements médicaux, en partenariat avec la fondation Seva. Avec “Toms roasting compagny”, chaque paquet de café vendu garantit à une personne 140 litres d’eau par jour.
Répondre efficacement à des besoins sociaux tout en restant fidèle à son modèle de one for one, sur lequel elle a bâti son succès, c’est donc tout l’enjeu pour Toms, qui pèse selon les estimations 250 millions de dollars. Saura-t-elle relever le défi?