Le fonds Livelihoods pour l’agriculture familiale investira 120 millions d’euros dans des projets de développement rural dans les dix années à venir.
Aujourd’hui, un demi-milliard d’exploitations agricoles familiales dans le monde produisent l’essentiel des denrées alimentaires, mais 70% des personnes qui souffrent de la faim sont des petits agriculteurs, rappelle la FAO [pdf]. Sur la base de ce constat, les groupes Danone et Mars ont annoncé le 4 février 2015, au Quai d’Orsay, le lancement d’un nouveau fonds pour financer des projets de soutien aux petits agriculteurs.
Baptisé Livelihoods pour l’agriculture familiale (Livelihoods 3F), ce fonds mobilisera 120 millions d’euros d’investissement sur dix ans, dans des projets en Afrique, en Asie et en Amérique latine, menés par des ONG et des acteurs locaux partenaires. Les deux entreprises, qui ont investi 30 millions d’euros en capital de départ entendent ainsi aider 200.000 exploitations familiales à accroître leurs revenus, gagner en productivité, tout en restaurant les écosystèmes.
“À l’inverse des fonds classiques, nous ne versons pas de dividendes aux actionnaires mais nous réinvestissons les bénéfices dans les projets. Danone et Mars n’en toucheront qu’une partie dans dix ou quinze ans”, a expliqué à Youphil.com Guillaume Bouculat, directeur financier de Livelihoods venture, société chargée de mettre en œuvre le fonds. Cette stratégie relève de “l’investissement à impact social”, une approche innovante d’investissement qui vise à la fois un retour financier et un retour social.
Les petits producteurs, un enjeu stratégique
Au-delà des bénéfices financiers attendus à long-terme, pour les deux géants de l’agroalimentaire, aider les petits producteurs est aussi un enjeu stratégique: “En tant qu’entreprise, nous avons la responsabilité d’aider les petits agriculteurs et de créer une situation gagnant-gagnant: pour qu’ils améliorent leur qualité de vie, puissent envoyer leurs enfants à l’école et qu’ils continuent à faire de l’agriculture. Car pour continuer à fabriquer nos produits nous avons besoin d’ingrédients de qualité […]“, juge Victoria Mars, présidente du conseil d’administration de Mars.
Franck Riboud, président de Danone, est allé plus loin en indiquant que les entreprises qui n’arriveront pas, dans l’avenir, à répondre aux enjeux sociaux, environnementaux tout en étant performantes économiquement “ne pourront pas survivre“.
C’est dans cette logique que Danone a lancé en 2011 un projet similaire, le fonds carbone Livelihoods, rejoint par neuf sociétés depuis (Schneider Electric, SAP, Michelin, CDC Climat, Firmenich, Voyageurs du monde, La Poste, Crédit Agricole et Hermès). Elles ont investi 40 millions d’euros dans des projets d’agroforesterie, d’énergie rurale et de restauration des écosystèmes. Cela leur a permis de planter 130 millions d’arbres, de stocker 8 millions de tonnes de carbone, et de générer des revenus pour les communautés, tout en récupérant des “crédits carbone certifiés”.Crédit photo: Hellio&Van Ingen.